Un chaman est un expert religieux ou mystique (homme ou femme) qui, dans les sociétés autochtones traditionnelles, fonctionne comme guérisseur, prophète et gardien de la tradition culturelle (voir Peuple autochtone : Religion).
Rôle du chaman
Les chamans sont les plus remarquables des multiples figures religieuses présentes dans la religion autochtone traditionnelle. Ils fonctionnent comme guérisseurs, prophètes, devins et gardiens de la mythologie religieuse. Ils sont aussi souvent les coordonnateurs des cérémonies religieuses et culturelles, notamment la danse du soleil (une cérémonie de renouvellement du monde) et la cérémonie d’hiver des Kwakwaka’wakw, des Nuu-chah-nulth et d’autres communautés de la côte nord-ouest (voir Peuples autochtones : côte nord-ouest).
Dans certaines sociétés, toutes ces fonctions sont exercées par la même personne ; dans d’autres, les chamans sont des spécialistes. Les praticiens de la guérison peuvent appartenir à divers ordres, comme la Midewiwin ou Great Medicine Society des Ojibwa, tandis que d’autres groupes avaient des sociétés secrètes ou fermées (Kwakwaka’wakw, Siksika). Les membres de ces sociétés n’étaient pas nécessairement des chamans, mais pratiquaient des cérémonies et des rituels religieux.
Pouvoirs spirituels et de guérison
Les chamans étaient associés à des pouvoirs généralement considérés comme bénéfiques pour la communauté, mais on croyait dans certains cas qu’ils utilisaient leurs pouvoirs pour la sorcellerie. Les chamans-prophètes et les devins s’occupaient de prédire l’issue de la chasse, de retrouver les objets perdus et de déterminer les causes profondes du mécontentement et de la mauvaise volonté de la communauté. Les Siksika (Pieds-Noirs), les Cris, les Ojibwa et d’autres sociétés avaient des devins qui faisaient leurs prophéties (peut-être en état de transe) au cours de la spectaculaire cérémonie de la tente tremblante. Les chamans de ces sociétés étaient les gardiens des ballots de médicaments sacrés contenant des objets et des matériaux dotés d’un grand mystère et d’un grand pouvoir. Les chamans innus devinaient les pistes de gibier en brûlant l’omoplate d’un caribou, puis en lisant les fissures créées par le feu. Les chamans étaient souvent consultés en cas de maladie ou de malheur collectif. On reconnaissait des causes naturelles à de nombreuses maladies, surtout celles qui pouvaient être soignées physiquement ; on croyait généralement que d’autres étaient le résultat de l’intrusion dans le corps d’objets placés là par des sorciers. Le traitement de ces maladies par le chaman-guérisseur était dicté par son esprit tutélaire, mais consistait généralement pour le chaman à aspirer rituellement l’agent pathogène hors du corps, à le brosser avec l’aile d’un oiseau ou à le faire sortir par des gestes spectaculaires. La maladie pouvait également résulter d’une « perte d’esprit ». L’action du chaman-guérisseur visait alors à récupérer l’esprit du patient (soit l’âme, soit la puissance spirituelle tutélaire, soit les deux) et à le réintroduire dans le corps.
Interdiction des rituels chamaniques
En 1880, la loi sur les Indiens a été modifiée pour interdire l’organisation ou la participation à certaines cérémonies de guérison traditionnelles, notamment le smudging – une cérémonie de purification sacrée qui implique la combustion de diverses plantes médicinales. Certaines sociétés ont continué à pratiquer leurs traditions en secret, tandis que d’autres ont maintenu l’interdiction par crainte de poursuites gouvernementales.
Au début des années 1950, le gouvernement a levé les interdictions relatives aux cérémonies de guérison traditionnelles. Alors que les peuples autochtones cherchaient à récupérer leurs traditions, la médecine indigène a commencé à réapparaître. Dans les années 1980, divers rituels chamaniques et cérémonies de guérison ont gagné en popularité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des communautés autochtones.Le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social du Canada a officiellement reconnu « la pertinence et l’utilité des approches traditionnelles » dans un rapport spécial en 1983.
Le chamanisme aujourd’hui
De nombreuses cérémonies de guérison dirigées par des chamans sont encore pratiquées, notamment le smudging, les cercles de partage et les cercles de guérison. La plupart des chamans modernes se considèrent comme des facilitateurs de guérison plutôt que des guérisseurs eux-mêmes. Les chamans proposent des techniques de guérison aux personnes souffrant de douleurs émotionnelles, mentales et physiques. Ces techniques comprennent souvent la connexion avec des guides spirituels, l’extraction d’énergie négative, les remèdes holistiques, le contact avec la nature et les purifications spirituelles. Comme leurs ancêtres, les chamans modernes effectuent également des cérémonies de rites de passage, notamment les naissances, les mariages et les décès.