La malnutrition chez les personnes âgées : Sous-reconnue et en augmentation de prévalence

La malnutrition chez les personnes âgées est une condition sous-reconnue dont la prévalence augmente avec le vieillissement de la population. Le terme de malnutrition est souvent utilisé pour décrire une déficience nutritionnelle qui entraîne des effets indésirables sur l’organisme et ses fonctions normales.1,2 Bien que la malnutrition puisse survenir à tout âge, elle est particulièrement prévalente chez les personnes âgées de >60 ans.1-4Un mauvais état nutritionnel est bien établi comme un indicateur de pronostic négatif dans la population âgée, et la perte de poids chez les personnes âgées de >60 ans double environ le risque de décès.5

Malgré la disponibilité de plusieurs tests de dépistage nutritionnel validés, de nombreux cas de malnutrition ne sont pas diagnostiqués, ce qui entraîne une morbidité et une mortalité accrues, des séjours hospitaliers prolongés et des réadmissions fréquentes à l’hôpital.5,6 Il est donc important que les prestataires de soins de santé soient capables d’identifier les causes et les signes et symptômes de la malnutrition. Si elle est identifiée à un stade précoce, la malnutrition peut être traitée par une adhésion adéquate à un plan d’intervention nutritionnelle.2 La reconnaissance et le traitement précoces de la malnutrition sont non seulement bénéfiques pour la santé du patient mais peuvent réduire le coût global pour le système de santé.7

Etiologie

Lorsque les gens vieillissent, ils ont tendance à devenir plus sédentaires et leur composition corporelle change, ce qui entraîne une augmentation de la graisse corporelle et une diminution de la masse musculaire maigre et du liquide extracellulaire. Le corps répond au besoin de moins d’énergie en diminuant l’appétit, un processus connu sous le nom d' »anorexie du vieillissement ».2

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L’étiologie de la perte de poids et de la malnutrition chez les personnes âgées a été attribuée à des facteurs psychologiques, physiologiques et environnementaux1,2. Ces composantes sont fréquemment appelées les « 9D » de la perte de poids chez les personnes âgées (figure).1,2

Démence

La démence est une déficience cognitive qui entraîne une détérioration de la mémoire ou de la fonction exécutive et qui affecte principalement la population âgée8. Les personnes atteintes de démence peuvent présenter des déficiences dans les activités de la vie quotidienne, notamment la capacité à faire les courses, à préparer les repas, à gérer l’argent et à se souvenir de manger.8,9 Les troubles du sommeil peuvent affecter les fonctions cognitives et physiques.10-12 Des déficiences telles que la diminution de l’éveil, la désorientation et la capacité réduite à maintenir une posture droite peuvent rendre l’alimentation difficile.

Les patients atteints de démence dépendent souvent d’une autre personne pour les aider à répondre à leurs besoins nutritionnels. Cependant, de nombreux patients n’ont pas les ressources financières nécessaires pour embaucher des soignants ou n’ont pas de membres de la famille qui veulent et/ou peuvent entreprendre ces tâches.4,8,9

Dysgueusie

La perte du goût est une altération de la capacité à détecter les goûts sucrés, aigres, salés et amers13. L’altération des papilles gustatives diminue la capacité des personnes âgées à différencier les goûts de base et peut entraîner une diminution du plaisir de manger et de la qualité de vie.1,13 L’effet cumulatif de ces troubles se traduit souvent par une diminution de l’appétit, ce qui entraîne une mauvaise alimentation et une perte de poids, qui contribuent à la malnutrition. Certaines causes courantes de dysgueusie sont une mauvaise dentition, une mauvaise hygiène buccale, une sécheresse buccale, une prolifération bactérienne buccale, le tabagisme et des changements au niveau de la langue.13

Diarrhée

La diarrhée chronique est définie comme une diarrhée présente depuis plus de 4 semaines.14 La perte de poids est fréquemment observée avec de nombreuses causes de diarrhée chronique et peut conduire à la malnutrition.1,2,14 Les causes les plus courantes de la diarrhée chronique sont la prise de médicaments, les troubles osmotiques, les états sécrétoires, les états inflammatoires, les états de malabsorption, les troubles de la motilité, les infections chroniques et les maladies systémiques.14

Dépression

La dépression chez les personnes âgées est souvent méconnue.De nombreuses variables affectent l’incidence de la dépression, comme le sexe, l’état matrimonial, l’état cognitif, la capacité à effectuer les activités de la vie quotidienne et l’interaction sociale.15 Bien que d’autres études soient nécessaires pour confirmer cette relation, il a été démontré que la dépression est un prédicteur indépendant d’une mauvaise santé nutritionnelle et une cause majeure de perte de poids menant à la malnutrition2,15.

Dysphagie

La dysphagie – l’incapacité de manger, de boire ou d’avaler – est souvent présente chez les personnes âgées et peut être causée par une obstruction mécanique ou un trouble neurologique affectant l’œsophage.16 La déglutition normale implique des phases orales, pharyngées et œsophagiennes, qui sont toutes réalisées sans effort conscient des centaines de fois par jour. La dysphagie survient lorsque la déglutition normale est perturbée.16 Une étude publiée en 2002 a révélé que50% des participants ont admis avoir moins mangé à cause de la dysphagie, et 44% ont perdu du poids.17 La dysphagie fait de l’alimentation une expérience désagréable qui contribue à de mauvaises habitudes alimentaires, entraînant la malnutrition.16

Maladie

Toute maladie peut avoir un effet négatif sur l’état nutritionnel et contribuer à la malnutrition. Les personnes atteintes d’une maladie cardiaque ou d’une maladie pulmonaire obstructive chronique, ainsi que celles qui ont subi un accident vasculaire cérébral, ont des besoins nutritionnels accrus, mais ne parviennent pas toujours à atteindre les objectifs en matière de nutriments et de protéines qui leur ont été fixés.18 L’American Diabetes Association a formulé des recommandations diététiques spécifiques que les patients gériatriques ont souvent du mal à suivre. Il en résulte un déséquilibre nutritionnel qui entraîne des maladies microvasculaires, qui se manifestent souvent au niveau du cœur, des yeux et des reins.2,18 Le diabète a été associé à une perte plus rapide de la force musculaire et à un taux accru d’invalidité dans la population âgée.

Dentition

Une mauvaise santé dentaire et la perte de dents peuvent affecter la capacité de mastication et limiter le choix des aliments, ce qui peut avoir un effet négatif sur le maintien d’une nutrition adéquate.2,19 Une étude menée en Espagne a révélé que les personnes souffrant de défauts dentaires présentaient un taux plus élevé de malnutrition.19Bien que ces problèmes puissent être corrigés par des soins dentaires et l’utilisation de dentiers bien ajustés, les patients gériatriques vivant avec un revenu fixe ne peuvent souvent pas se permettre des soins dentaires appropriés et/ou des dentiers.19

Médicaments

A mesure que les gens vieillissent, leur niveau de polypharmacie augmente généralement20. Les 6 classes de médicaments les plus fréquemment prescrites chez les personnes âgées sont les agents gastro-intestinaux, les antihypertenseurs, les diurétiques, les analgésiques, les bêta-bloquants et les agents antihyperlipidémiques.20 Les médicamentspeuvent être prescrits par différents prestataires qui, sans le savoir, exposent les patients à des effets indésirables non désirés et à des interactions médicamenteuses pouvant entraîner une diminution de la consommation alimentaire et de l’absorption des nutriments, ce qui entraîne un mauvais état nutritionnel.2,20

Dysfonctionnement

Le dysfonctionnement du système immunitaire peut entraîner une augmentation des infections et un retard dans la cicatrisation des plaies, ce qui peut contribuer directement à la malnutrition.1 L’altération de l’intégrité intestinale entraîne une augmentation des infections intestinales qui peuvent affecter l’absorption des nutriments.1 Le dysfonctionnement physique qui nuit à l’engagement dans les activités de la vie quotidienne peut entraver la capacité d’un patient à obtenir et à préparer de la nourriture, aggravant ainsi l’état nutritionnel.1,6

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