Néfazodone. Une revue de sa pharmacologie et de son efficacité clinique dans la gestion de la dépression majeure

Le chlorhydrate de néfazodone est un antidépresseur de type phénylpipérazine dont le mécanisme d’action est distinct de celui des autres médicaments actuellement disponibles. Il bloque puissamment et sélectivement les récepteurs postsynaptiques de la sérotonine (5-hydroxytryptamine ; 5-HT) 5-HT2A et inhibe modérément le recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (norépinéphrine). Dans des essais cliniques à court terme, d’une durée de 6 ou 8 semaines, la néfazodone a produit des améliorations cliniques significativement plus importantes que celles obtenues avec le placebo et similaires à celles obtenues avec l’imipramine et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) fluoxétine, paroxétine et sertraline. La posologie thérapeutique optimale de la néfazodone semble se situer entre 300 et 600 mg/jour. Des données limitées à long terme suggèrent que la néfazodone est efficace pour prévenir les rechutes de la dépression chez les patients traités pendant une période allant jusqu’à un an. Les analyses des résultats regroupés des essais cliniques indiquent que la néfazodone et l’imipramine produisent des améliorations similaires et significatives sur les échelles d’évaluation liées à l’anxiété et à l’agitation par rapport au placebo chez les patients atteints de dépression majeure. Les données sur la tolérance à court terme indiquent que la néfazodone a une incidence plus faible d’effets indésirables anticholinergiques, antihistaminiques et adrénergiques que l’imipramine. Par rapport aux ISRS, la néfazodone entraîne moins de symptômes d’activation, d’effets gastro-intestinaux indésirables (nausées, diarrhée, anorexie) et d’effets indésirables sur la fonction sexuelle, mais elle est associée à davantage de vertiges, de sécheresse buccale, de constipation, de troubles visuels et de confusion. Les données disponibles suggèrent également que la néfazodone n’est pas associée à une prise de poids anormale, à des convulsions, au priapisme ou à une perturbation significative du sommeil, et semble être relativement sûre en cas de surdosage. La néfazodone inhibe l’isoenzyme 3A4 du cytochrome P450 et a donc le potentiel d’interagir avec un certain nombre de médicaments. D’autres études à long terme et comparatives permettront d’évaluer plus précisément la place relative de la néfazodone dans la prise en charge de la dépression majeure. Néanmoins, les données disponibles suggèrent que la néfazodone est une alternative thérapeutique intéressante aux antidépresseurs tricycliques et aux ISRS chez les patients souffrant de dépression majeure.

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