Philippe IV, roi d’Espagne, a l’air d’être d’âge moyen, et fatigué : sa chair affaissée et ses yeux bouffis suggèrent le poids des responsabilités qui reposent sur ses épaules pendant son long règne (1621-65), qui a commencé alors qu’il n’avait que 16 ans. Ce portrait a été peint vers 1656, alors que Philippe était confronté à des défis particuliers causés par la guerre de Trente Ans en cours. Il semble usé par la perte de sa famille et le déclin de la fortune politique de l’Espagne.
Le visage pâle du roi se détache du noir sombre de ses vêtements et du fond uni. Ses yeux fixent le regard, un regard qui impose le respect mais qui est aussi intensément humain. Vélasquez l’a représenté calme et digne, les cheveux disposés en vagues régulières qui encadrent son visage et reposent soigneusement sur son col. Il porte, sur la chaîne en or qu’il porte au cou, l’Ordre de la Toison d’Or, un ordre chevaleresque dont le pendentif avait la forme d’une peau de mouton suspendue. Le pendentif aurait été immédiatement reconnaissable pour les spectateurs du XVIIe siècle.
Velázquez a peint de nombreux portraits de Philippe tout au long du règne de ce dernier, et c’est la dernière image peinte du roi par celui qui l’a servi comme artiste de la cour à partir de 1623. Cette œuvre offre un contraste intéressant avec un portrait en pied antérieur, Philippe IV d’Espagne en brun et argent. Le costume noir du roi, qu’il portait habituellement et dans lequel il était généralement représenté, est moins ostentatoire que dans l’autre portrait, bien qu’il porte le même type de col, appelé golilla, et arbore la même moustache retroussée distinctive.
Le coup de pinceau de Velázquez est libre, créant une impression de son sujet au lieu de l’enregistrer dans les moindres détails – un style typique de ses œuvres ultérieures. La forme des yeux de Philippe est simplement suggérée et des touches de peinture libres définissent les reflets de sa chaîne, les boutons en or et les broderies en or autour de ses manches.
Philippe semble avoir approuvé ce portrait : de nombreuses copies ont été réalisées d’après lui par les élèves de Velázquez, et offertes aux membres de la cour et aux dignitaires en visite. Le portrait a également été gravé par Pedro Villafranca pour le frontispice de la Descripción breve de San Lorenzo el Real de El Escorial de Francisco de los Santos (1657). En 1658, peu de temps après avoir peint ce portrait, Velázquez fut fait chevalier de Santiago, un honneur qu’il avait toujours désiré et qui fut probablement favorisé par le soutien du roi.