Sorbitol | Minions

Discussion

La diarrhée chronique peut résulter d’une myriade de pathologies. L’évaluation initiale commence par une anamnèse détaillée. Dans ce cas, bien que la patiente ait cru que la diarrhée était liée aux repas, nous avons déterminé que la diarrhée survenait 4 à 6 heures après les repas, et qu’elle était en fait corrélée avec le moment où elle mâchait le chewing-gum, ce qu’elle faisait plusieurs heures après ses repas. Comme elle ne voulait pas être dérangée pour aller aux toilettes la nuit, elle a pris l’habitude de prendre son dernier repas avant 18 heures. Curieusement, elle a également décidé de ne plus mâcher de chewing-gum après cette heure, même si elle n’avait pas le sentiment que le chewing-gum était un facteur.

Ce cas présentait un nombre inhabituel de « faux-fuyants ». Elle avait voyagé peu de temps avant le début de la diarrhée. On pense parfois que Blastocystis est pathogène chez l’homme et on la traite dans les cas de diarrhée où aucune autre cause n’est trouvée. Elle avait également des antécédents familiaux de maladie de Crohn et de cancer du côlon.

Le sorbitol est un alcool de sucre hexahydrique utilisé couramment dans l’industrie alimentaire comme édulcorant et aussi pour améliorer la texture et la durée de conservation des aliments. Le sorbitol est présent dans de nombreux chewing-gums et autres confiseries, dans certains aliments transformés, et naturellement dans certains aliments (pommes, abricots, dattes, figues, nectarines, pêches, poires, prunes, pruneaux et raisins secs). Il est également ajouté à certains médicaments liquides comme édulcorant.

Un bâtonnet de gomme Trident contient environ 1,25 g de sorbitol, et il y a 16 à 18 bâtonnets par paquet (20 à 22,5 g de sorbitol). Selon la saveur et le format du produit Trident, certains contiennent également du maltitol, du xylitol ou du mannitol, mais en plus petite quantité que le sorbitol. Le sorbitol peut provoquer des symptômes gastro-intestinaux (gaz, impériosité, ballonnements, crampes abdominales) de manière dose-dépendante (5 à 20 g par jour). Des doses supérieures à 20 g par jour peuvent provoquer des diarrhées, avec au moins 1 rapport de cas de perte de poids associée.1

Ces effets varient d’un individu à l’autre. Dans un laboratoire métabolique, des participants (N = 18) ont consommé une dose beaucoup plus élevée que celle de notre patient (40 g de sorbitol par jour) et ont signalé un changement de la consistance des selles, qui sont devenues « molles » dans les 1 à 3 heures suivant l’ingestion.2 Le sorbitol a augmenté à la fois la teneur en eau des selles et la quantité totale de selles par jour par rapport au placebo. Il est intéressant de noter que la quantité de selles molles associée au sorbitol rapportée par les participants ne correspondait pas à la définition de la diarrhée cliniquement pertinente (émission de selles de > 250 g par jour et fréquence des selles > 3 par jour)3 pendant la période d’étude.

Plusieurs facteurs peuvent moduler les effets laxatifs du sorbitol. L’ingestion simultanée d’autres denrées alimentaires peut affecter l’absorption. L’absorption du sorbitol a été augmentée lorsqu’il a été administré avec du gruau de riz (c’est-à-dire du glucose supplémentaire), ce qui suggère que l’ingestion simultanée de glucose pourrait réduire l’effet diarrhéique osmotique du sorbitol4. Une étude chez le rat a révélé que les causes possibles de la diarrhée associée au sorbitol comprennent un transit intestinal plus rapide, une malabsorption de l’intestin grêle, une fermentation colique incomplète du sorbitol en acides gras à chaîne courte (peut-être en raison de variations du microbiome) et une absorption plus lente des produits de dégradation du côlon4.

Un récent essai contrôlé randomisé chez des patients post-chirurgicaux (N = 82) a démontré que le fait de mâcher du chewing-gum réduisait le délai de passage des premiers flatulences, de la première selle et de la sensation de faim.5 Les patients ont eu 1 morceau de chewing-gum 3 fois par jour. Aucune complication n’a été constatée dans le groupe chewing-gum. La dose de chewing-gum était bien inférieure à la dose connue pour provoquer des diarrhées ou même des effets secondaires gastro-intestinaux. Nous spéculons que dans cette population postopératoire précoce, qui ne consommait rien d’autre, l’absence d’effets atténuants des substances co-ingérées pourrait avoir amplifié les effets du chewing-gum même à cette faible dose.

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