Photo d’une pleine lune d’hiver en train de se lever, par Bob King, alias AstroBob. Février 2018 n’aura pas de pleine lune.
Par David Chapman
En Amérique du moins, 2018 présente une séquence inhabituelle de dates de pleine lune : le 1er janvier, le 31 janvier, le 1er mars et le 31 mars. Il y a deux pleines lunes en janvier, aucune en février, et à nouveau deux pleines lunes en mars. Ce n’est pas un cas unique. Cela s’est produit en 1999 et se reproduira en 2037, à intervalles de 19 ans, un intervalle appelé cycle Métonique par les astronomes.
Il n’y a aucune signification scientifique à avoir deux pleines lunes dans un mois ou un mois de février sans pleine lune. Il s’agit simplement d’une bizarrerie de notre calendrier.
Le temps moyen entre deux pleines lunes est d’environ 29 jours et demi. La plupart des mois du calendrier sont plus longs (30 ou 31 jours) et février est plus court (28 jours, 29 les années bissextiles). Par conséquent, il est possible, de temps à autre, que l’un des 11 mois contienne deux pleines lunes… mais pas février. En fait, février peut ne pas avoir de pleine lune, comme en 2018. Et lorsque cela se produit, les mois de janvier et de mars auront chacun deux pleines lunes. De nos jours, la deuxième pleine lune d’un mois est appelée Lune Bleue.
Certains calendriers traditionnels, comme les calendriers hébraïque, musulman et chinois, ont des mois qui suivent exactement le cycle lunaire. Naturellement, de tels mois lunaires n’ont de place que pour une seule pleine lune. L’ancien calendrier romain était similaire, mais les prêtres romains n’ont cessé de le chambouler jusqu’à ce que Jules César impose une réforme du calendrier qui dissocie les mois du cycle lunaire, pour diviser l’année solaire en 12 intervalles. L’idée était de synchroniser les mois avec le soleil et les saisons, une idée importée d’Égypte.
Un tel calendrier était plus en phase avec les événements annuels d’importance agricole, comme la crue du Nil. Après un peu plus de retouches, nous avons fini par avoir sept mois de 31 jours, quatre mois de 30 jours, et un seul mois court n’ayant que 28 ou 29 jours. Ce calendrier julien réformé a été modifié plus tard sous le pape Grégoire XIII, mais seulement la formule pour savoir quand les années bissextiles se produisent, pas la longueur des mois.
Voir plus grand. | Le cycle écologique annuel de la nation autochtone mi’kmaq du Canada est représenté par des événements naturels, et les 12 temps de lune communs tirent leur nom de ces événements. Une 13e lune est parfois nécessaire pour que les temps de lune soient en phase avec les saisons. Image via l’Institut des sciences de l’Université du Cap-Breton &Santé, journaux intimes des étrangers et lunes mi’kmaq.
Les peuples autochtones des Amériques (y compris la nation mi’kmaq ou Mi’kmaq des forêts du nord-est du Canada) ont naturellement compté le passage du temps selon les cycles lunaires, chaque temps de lune étant lié à la saison par des descripteurs écologiques tels que les rivières sur le point de geler ou le temps du croassement des grenouilles. Comme pour d’autres cultures suivant la lune, une 13e lune était insérée dans la séquence tous les 2 ou 3 ans, afin de maintenir les temps de lune en phase avec les saisons, mais la façon dont les nations indigènes ont organisé cela n’est pas claire, et peut ne jamais avoir été codifiée.
Les noms de pleine lune popularisés par l’Almanach du vieux fermier sont basés sur la culture algonquine, et diffèrent des noms mi’kmaq, mais le principe est le même ; par exemple, la pleine lune du début de l’automne est appelée Lune de la moisson.
Les 12 mois du calendrier européen étaient inconnus des nations autochtones, et n’avaient aucune pertinence pour elles. Après l’installation des Européens, leur calendrier a fini par prendre le dessus à des fins spirituelles, juridiques et politiques.
De nombreuses nations indigènes observent encore leurs noms traditionnels pour les mois, mais plus souvent maintenant comme des équivalents approximatifs des mois grégoriens qu’ils chevauchent. Lorsque nous avons des années sans pleine lune en février, cette correspondance se brise … et la dénomination des pleines lunes peut devenir confuse.
David Chapman est membre à vie de la Société royale d’astronomie du Canada et ancien rédacteur du Manuel de l’observateur de la SRAC (éditions 2012-2016). Avec sa partenaire de projet mi’kmaq Cathy LeBlanc (Première Nation d’Acadie), il administre la page Facebook Mi’kmaw Moons.
La lune mi’kmaw débutant à la nouvelle lune du 15 février 2018 (pleine lune le 1er mars 2018) est Apiknajit, ou Lune aveuglante de neige, faisant référence à une période de lumière solaire vive et de reflets aveuglants de la neige accumulée. Image via Mi’kmaw Moons.
Ligne du bas : L’astronome canadien David Chapman explique pourquoi il n’y a pas de pleine lune en février 2018.
Les membres de la communauté EarthSky – y compris les scientifiques, ainsi que les écrivains scientifiques et de la nature du monde entier – pèsent sur ce qui est important pour eux. Photo de Robert Spurlock.