Contexte : L’hyperémèse gravidaire est une forme grave de nausées et de vomissements pendant la grossesse qui peut entraîner une déshydratation, des anomalies électrolytiques et une perte de poids. Elle affecte 0,3 à 2,3 % de toutes les grossesses. Les formes moins graves de nausées et de vomissements affectent jusqu’à 85 % des grossesses. Le traitement de l’hyperemesis gravidarum peut nécessiter une hospitalisation et comprend la réhydratation par voie intraveineuse, des médicaments antiémétiques et un soutien psychosocial. L’American College of Obstetricians and Gynecologists recommande le dimenhydrinate (Dramamine), le métoclopramide (Reglan) et la prométhazine (Phenergan) par voie intraveineuse comme médicaments de première intention. Des études antérieures ont évalué la prométhazine, l’ondansétron (Zofran), les corticostéroïdes, le métoclopramide et la diphénhydramine (Benadryl), mais aucun essai n’a comparé directement le métoclopramide et la prométhazine. Tan et ses collègues ont évalué l’efficacité et les profils d’effets indésirables de ces médicaments en tant que traitement de l’hyperemesis gravidarum.
L’étude : Cette étude contrôlée randomisée a inclus des femmes admises dans un hôpital de Malaisie avec une hyperémèse présumée. Les patientes qui n’étaient pas enceintes de plus de 16 semaines et qui ont été admises à l’hôpital pour la première fois au cours de leur grossesse actuelle avec une déshydratation et une cétonurie ont pu participer. Les femmes ayant une grossesse multiple, une grossesse non viable, une condition médicale préexistante pouvant causer des nausées et des vomissements, ou une allergie à l’un ou l’autre des médicaments de l’étude étaient exclues. Les patients ont reçu une dose initiale de 10 mg de métoclopramide ou de 25 mg de prométhazine, et des doses supplémentaires à huit, 16 et 24 heures. Les participants ont enregistré leurs épisodes de vomissement et ont signalé leurs nausées sur une échelle numérique visuelle de 10 points avant de commencer le médicament et après chaque dose. À 24 heures, les patients ont également enregistré leur sentiment général de bien-être pendant la période d’étude et répondu à un questionnaire sur les symptômes. Après 24 heures, les patients pouvaient poursuivre leur traitement à l’étude ou passer à l’autre en tant que traitement ouvert. Les principaux critères d’évaluation étaient la fréquence des vomissements et le score de bien-être général. Les points d’aboutissement secondaires comprenaient les effets indésirables et les scores de nausées à chaque dose.
Résultats : Au total, 73 femmes ont été affectées au groupe métoclopramide et 76 au groupe prométhazine. Il n’y a pas eu de différences significatives dans les épisodes de vomissements, les scores de nausées à chaque dose, ou le sentiment général de bien-être après 24 heures. Cependant, le groupe métoclopramide a rapporté significativement moins d’effets indésirables, principalement la somnolence (nombre nécessaire à traiter = 5), les étourdissements (NNT = 3) et la dystonie (NNT = 8), par rapport au groupe prométhazine. Les sept femmes qui n’ont pas terminé l’essai en raison d’effets indésirables faisaient toutes partie du groupe prométhazine. Les limites de l’étude incluent la possibilité que la thérapie de réhydratation intraveineuse seule soit aussi efficace pour traiter l’hyperémèse. De plus, les auteurs citent une revue Cochrane qui n’a trouvé aucun avantage avec un traitement spécifique pour l’hyperemesis gravidarum.
Conclusion : Les auteurs concluent que lorsque le métoclopramide est administré à la dose de 10 mg toutes les huit heures, il est aussi efficace et mieux toléré que la prométhazine pour l’hyperémèse gravidique.