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La guerre du Golfe Persique | Précédent | Suivant |
ID de l’histoire numérique 3374 |
À 2 heures du matin, Le 2 août 1990, quelque 80 000 soldats irakiens envahissent et occupent le Koweït, un petit émirat riche en pétrole situé dans le golfe Persique. Cet événement a déclenché la première grande crise internationale de l’après-guerre froide. Le dirigeant irakien, Saddam Hussein, a justifié l’invasion par le fait que le Koweït, qu’il accusait de faire intentionnellement baisser les prix mondiaux du pétrole, était une partie historique de l’Irak.
L’invasion de l’Irak a pris les États-Unis au dépourvu. Le régime de Hussein était une dictature militaire brutale qui régnait par une police secrète et utilisait des gaz toxiques contre les Iraniens, les Kurdes et les musulmans chiites. Dans les années 1970 et 1980, les États-Unis – ainsi que la Grande-Bretagne, la France, l’Union soviétique et l’Allemagne de l’Ouest – ont vendu à l’Irak un arsenal impressionnant comprenant des missiles, des chars d’assaut et l’équipement nécessaire pour produire des armes biologiques, chimiques et nucléaires. Pendant la guerre de Bagdad contre l’Iran, qui a duré huit ans, les États-Unis, qui s’opposaient à la croissance de l’extrémisme fondamentaliste musulman, ont penché du côté de l’Irak.
Le 6 août 1990, le président Bush a déclaré de façon spectaculaire : « Cette agression ne tiendra pas. » Les forces irakiennes étant positionnées près de la frontière de l’Arabie saoudite, l’administration Bush a dépêché 180 000 soldats pour protéger le royaume saoudien. En rupture avec la politique étrangère américaine de la présidence Reagan, Bush organise également une coalition internationale contre l’Irak. Il convainc la Turquie et la Syrie de fermer les oléoducs irakiens, obtient le soutien de l’Union soviétique pour un embargo sur les armes et met sur pied une armée multinationale pour protéger l’Arabie saoudite. Aux Nations unies, l’administration réussit à persuader le Conseil de sécurité d’adopter une série de résolutions condamnant l’invasion irakienne, exigeant la restauration du gouvernement koweïtien et imposant un blocus économique.
La décision de Bush de résister à l’agression irakienne reflète l’évaluation par le président des intérêts nationaux vitaux. L’invasion de l’Irak a donné à Saddam Hussein un contrôle direct sur une partie importante de l’approvisionnement en pétrole du monde. Elle a perturbé l’équilibre des forces au Moyen-Orient et mis en péril l’Arabie saoudite et les émirats du golfe Persique. L’armée irakienne, forte de 545 000 hommes, menaçait la sécurité d’alliés américains aussi précieux que l’Égypte et Israël.
En novembre 1990, la crise prit un tour dramatique. Le président Bush a doublé la taille des forces américaines déployées dans le golfe Persique, signe que l’administration était prête à éjecter l’Irak du Koweït par la force. Le président s’adresse aux Nations unies pour obtenir une résolution autorisant le recours à la force contre l’Irak si ce dernier ne se retire pas avant le 15 janvier 1991. Après un débat animé, le Congrès a également donné au président l’autorité de faire la guerre.
La décision du président Bush de libérer le Koweït était un énorme pari politique et militaire. L’armée irakienne, la quatrième du monde, était équipée de missiles Exocet, de chars soviétiques T-72 haut de gamme et d’une artillerie à longue portée capable de tirer des gaz neurotoxiques. Mais après un mois de bombardements alliés, les forces de la coalition avaient obtenu la suprématie aérienne, détruit des milliers de chars et de pièces d’artillerie, de voies d’approvisionnement, de lignes de communication et de bunkers de commandement et de contrôle irakiens, et limité la capacité de l’Irak à produire des armes nucléaires, chimiques et biologiques. Le moral des troupes irakiennes a tellement souffert des bombardements qu’on estime que 30 % des forces de Bagdad ont déserté avant le début de la campagne terrestre.
La campagne terrestre alliée s’est appuyée sur la tromperie, la mobilité et une supériorité aérienne écrasante pour vaincre la plus grande armée irakienne. La stratégie alliée consistait à tromper les Irakiens en leur faisant croire que l’attaque alliée aurait lieu le long du littoral koweïtien et de la frontière du Koweït avec l’Arabie saoudite. Pendant ce temps, le général H. Norman Schwarzkopf, commandant américain des forces de la coalition, a déplacé plus de 300 000 soldats américains, britanniques et français dans l’ouest de l’Arabie saoudite, leur permettant ainsi de frapper profondément en Irak. Cent heures seulement après le début de la campagne terrestre, la guerre prend fin. Saddam Hussein est resté au pouvoir, mais sa capacité à contrôler les événements dans la région a été considérablement réduite. Le conflit du golfe Persique est la guerre américaine la plus populaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a restauré la confiance des Américains dans leur position d’unique superpuissance mondiale et a contribué à exorciser le fantôme du Vietnam qui avait hanté les débats de politique étrangère américaine pendant près de deux décennies. Le doute, la dérive et la démoralisation qui avaient commencé avec la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate semblaient avoir pris fin.
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