Salvador Dali et le surréalisme

« Je suis le surréalisme » disait Salvador Dali en arrivant à New York pour présenter son art. Excentrique, démesuré et totalement narcissique, il est l’un des peintres espagnols les plus célèbres du 20ème siècle. Dans cet article, KAZoART vous rapproche de cette légende et de son influence surréaliste sur le travail des artistes d’aujourd’hui.

Salvador Dali avec Ocelot et canne, 1965
Salvador Dali avec un Ocelot et une canne, 1965

Au surréalisme et au-delà : Salvador Dali

Surréaliste a raison. Dali était tout sauf ordinaire en ce qui concerne sa démarche artistique. À tel point qu’il a fait des efforts pour s’éloigner des autres artistes surréalistes de son époque. Cela a finalement conduit à son exclusion pure et simple du groupe. Cependant, Dali n’avait pas peur d’être mis à l’écart et cela ne l’a certainement pas empêché de devenir l’icône que nous connaissons aujourd’hui. Son art s’est développé grâce à l’utilisation d’une « méthode paranoïaque-critique », quelque chose que les artistes exploitent encore aujourd’hui afin de tirer une inspiration originale des parties cachées de leur esprit.

Parler du surréalisme et ne mentionner que Salvador Dali, c’est oublier ses contemporains, qui étaient à la fois des artistes et des écrivains comme André Masson, Louis Aragon, Max Ernst, Man Ray et plus particulièrement, André Breton, qui a publié un manifeste du surréalisme en 1924. Breton fut le premier à définir le mouvement surréaliste comme « l’automatisme psychique à l’état pur, par lequel on se propose d’exprimer… le fonctionnement réel de la pensée… en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, exempt de toute préoccupation esthétique ou morale « *

L’artiste doit être attentif aux images qui émergent dans son esprit. Pour parvenir à une représentation correcte, il faut réévaluer les objets afin qu’ils puissent être évalués en fonction de ce qu’ils sont vraiment et non en fonction de leur contexte matériel antérieur. Ce n’est pas un exploit simple et s’est avéré être un défi majeur pour les artistes.

Breton a fait l’éloge du travail de Dali à cet égard en écrivant : « La grande originalité de Dali se trouve dans le fait qu’il peut participer à cette action à la fois comme acteur et comme spectateur. Il a réussi à être moitié juge et moitié spectateur dans un procès provoqué par le plaisir et la réalité. « **

Une nouvelle vision

Cette méthode, qui nécessite un certain contrôle sur les visions et les délires de l’artiste, contredit l’idée d’un automatisme pur, et détricote l’interprétation de Breton. C’est ce qui conduira Salvador Dali à être exclu du mouvement surréaliste, en plus de faire des déclarations fascistes qui ont été condamnées par les contemporains qui n’étaient pas d’accord avec sa position politique extrême.

La méthode paranoïaque-critique de Salvador Dali est une technique développée par le psychanalyste français, Lacan, qui pratique une approche différente de celle énoncée par Breton. Elle exige un dépassement de la perception quotidienne et une métamorphose continue des pensées. Les obsessions et les fantasmes quotidiens doivent être rendus compréhensibles pour les spectateurs lorsqu’ils sont peints sur la toile. Ainsi, les produits finis de Dali représentaient des pensées qui avaient été préalablement analysées, critiquées et retravaillées par lui-même.

Surréalistes des temps modernes sur KAZoART

Clara Crespin, Un soir….un minotaure, acrylique sur toile
Clara Crespin, A la frontière de deux mondes, acrylique sur toile

L’étrangeté de l’œuvre de Clara Crespin nous rappelle l’art de Dali. Ses associations malencontreuses et son hybridation d’objets et d’êtres cherchent à révéler quelque chose derrière la simplicité de la réalité. Son art est destiné à être vu et compris sans pour autant être conforme. À travers son œuvre, elle parvient à transmettre des sensations, des sentiments et des moments qui sont l’équivalent des sentiments universels dépeints par Dali.

La métamorphose

Gilles Konop, Niebieski i szary twarz, aquarelle sur papier, 32 x 24
Gilles Konop, Niebieski i szary twarz, aquarelle sur papier, 32 x 24
Gilles Konop, Czapka i kolory, aquarelle sur papier, 40,7 x 29,7
Gilles Konop, Czapka i kolory, aquarelle sur papier, 40,7 x 29,7

La transformation constante des formes, la distorsion des objets et la combinaison de deux entités distinctes en une seule sont toutes caractéristiques du style de Dali. Ces visuels troublants et fascinants sont présents dans ses œuvres depuis la fin des années 1920. Ils révèlent souvent des doubles sens inattendus. La Persistance de la mémoire et Le Grand Masturbateur en sont de parfaits exemples. Ces métamorphoses sont des véhicules par lesquels Dali peut mettre en scène ses obsessions (questions sur la mortalité, la sexualité, l’érotisme, etc.) Après tout, un artiste doit non seulement créer mais aussi révéler.

Gilles Konop transforme, détourne et hybride les êtres quotidiens pour nous donner une vision nouvelle et unique du monde. En cela, son œuvre est proche de celle de Dali.

Le rêve

Rêves lucides, rêves sous le charme de l’hypnose ou souvenirs de rêves, tous les artistes surréalistes ont vu dans ces états des réservoirs inépuisables d’inspiration artistique. Ici, aucune pensée de raison ou d’interprétation ne peut prévaloir. Le débat sur la difficulté de transcrire un rêve sur la toile sans recourir à l’interprétation humaine se poursuit parmi les spécialistes et les artistes surréalistes. Breton préférait le dessin autonome sous hypnose, laissant ainsi le produit final au hasard. Dali, quant à lui, applique sa méthode de critique paranoïaque et voit dans le rêve un moyen de sonder l’esprit et donc de l’analyser. Ses tableaux deviennent alors des voyages intérieurs et des avenues menant à un royaume de pensées plus profond. Pour accéder aux profondeurs intérieures de notre esprit, il faut considérer l’exploration comme un processus physique, à l’instar des artistes surréalistes.

Surréalistes des temps modernes sur KAZoART

Emilie Lagarde, L'oubli, peinture à l'huile, 114X97
Emilie Lagarde, L’oubli, peinture à l’huile, 114X97
Emilie Lagarde, le cheval de la bataille de la grande dévoreuse, huile sur toile, 85 x 86
Emilie Lagarde, le cheval de la bataille de la grande dévoreuse, huile sur toile, 85 x 86

Emilie Lagarde, comme Dali, puise dans ses rêves et ses souvenirs pour les reproduire sur la toile. Par le biais d’énigmes visuelles et sombres, elle crée des mondes hantés où les questions et les doutes sont disséminés dans sa peinture couverte d’ombres.

* André Breton, Œuvres complètes, édition critique établie par Marguerite Bonnet, avec la collaboration de Philippe Bernier, Etienne-Alain Hubert et José Pierre, Paris, Gallimard,  » Bibliothèque de la Pléiade « , t.1, 1988, p.328

** André Breton, Œuvres complètes, édition critique établie par Marguerite Bonnet, avec la collaboration de Philippe Bernier, Etienne-Alain Hubert et José Pierre, Paris, Gallimard,  » Bibliothèque de la Pléiade  » , t.4, p.509.

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