Voyageurs et coureur des bois

Fashion Flashback : Étant donné que la mode a joué un rôle déterminant dans la création du Canada, cette série de blogues explore l’évolution de ce que les Canadiens portaient, une époque à la fois.

Radisson & Groseillers par Archibald Bruce Stapleton. Deux coureurs des bois qui ont ensuite établi la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Normalement, mes billets historiques sur la mode vont dans l’ordre chronologique, mais pour cette ~Édition spéciale~, nous faisons un saut dans le temps pour examiner de plus près les personnes impliquées dans le commerce de la fourrure. Les voyageurs et les coureurs des bois ont joué des rôles importants, mais distincts, dans l’expansion du commerce de la fourrure et occupent une place dans la mythologie du Canada d’avant la Confédération. Qui étaient les voyageurs et les coureurs des bois ? Quelles étaient leurs similitudes et leurs différences ? Et surtout, pourquoi étaient-ils importants et comment leurs vêtements s’inscrivent-ils dans l’histoire du Canada ?

Voyageurs et coureurs des bois – Similitudes et différences

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Voyageurs Coureur des bois
Traduction anglaise Voyageurs Commerçants en fourrures
Historique Des années 1680 aux années 1870 Des années 1660 aux années 1715
Métier Ambauchés par les compagnies de commerce pour transporter les fourrures et autres marchandises entre la vallée du St. Lawrence et les postes de traite de l’Ouest. Lorsque les Britanniques ont pris le pouvoir, leurs voyages se sont étendus à l’extrême nord-ouest. Commerçants de fourrures indépendants/petits entrepreneurs. Ils trappaient et voyageaient profondément dans les régions sauvages pour commercer avec les communautés autochtones. Ils gardaient tous les profits.
Statut légal Légal – En 1681, le système des congés (commerce sous licence) a été introduit en Nouvelle-France. Jusqu’à 25 congés/licences étaient émis chaque année. Un congé permettait à trois hommes d’utiliser un canot pour transporter les fourrures/le commerce dans l’ouest. Illégaux – Ils travaillaient en dehors du système. Après 1681, ils n’avaient plus de permis. Le système des congés était censé limiter les hommes absents de la colonie, mais le coureur des bois a jeté une pierre à ce plan.

Histoire

Bien que le commerce franco-indigène se soit déroulé tout au long du 16e siècle, le commerce des fourrures a vraiment commencé lorsque le premier poste de traite français a été établi à Tadoussac en 1599. La fondation d’un poste de traite n’était pas seulement une entreprise commerciale pratique, car elle réduisait les risques pour les colons (s’aventurer dans le grand inconnu n’était pas sur la liste des choses à faire pour beaucoup de gens), mais c’était aussi un moyen d’établir une présence territoriale. D’où la raison pour laquelle les Hollandais et plus tard les Anglais ont commencé à établir la leur.

Pour battre la concurrence, Samuel de Champlain a cherché à établir des alliances par l’interaction interculturelle. Il a envoyé des garçons français vivre dans des communautés indigènes et travailler comme interprètes avec des programmes pro-français. Ces garçons ont rapidement appris la langue et les coutumes des groupes avec lesquels ils vivaient, le plus célèbre d’entre eux étant Étienne Brûlé. Par la suite, les hommes adultes qui travaillaient dans le commerce de la fourrure ont commencé à faire de même, avec le même résultat. Cela a servi de fondement aux voyageurs et aux coureurs des bois.

Étienne Brûlé At The Mouth Of The Humber par C.W. Jefferys (1942)

Bien que Montréal soit devenu le centre du commerce des fourrures, attendre que les commerçants autochtones viennent à eux n’était plus une option au milieu du 17e siècle. La concurrence a conduit le Régime français à s’étendre de plus en plus loin dans l’Ouest. Les postes de Michillimakinac et de Detriot ont été établis. Qui étaient les meilleurs hommes pour ce genre de travail ? Ceux qui avaient acquis des connaissances pour survivre dans la nature grâce à l’interaction interculturelle avec les peuples autochtones. Il fallait être doué pour la chasse, le canotage et la pêche. Il fallait aussi être courageux étant donné le nombre de risques (blessures, noyade, faim, etc.) auxquels ils étaient confrontés. En outre, il fallait être en bonne forme physique et être un habile négociateur également.

Voyageurs à l’aube / Voyageurs at Dawn par Frances Anne Hopkins (1871).

Malgré la monopolisation croissante du commerce de la fourrure dans les années 1660 par le Régime français, il y avait ceux qui cherchaient à travailler en dehors du système. Jean-Baptiste Colbert, le ministre français des Finances, n’aimait pas ces commerçants indépendants. Non seulement ils nuisaient à ses résultats commerciaux, mais le fait que de nombreux hommes quittent la Nouvelle-France (parfois pendant des années) nuisait à la croissance de la colonie. Pour décourager les coureurs des bois, Colbert met en place le système du Congé qui rend nécessaire l’obtention de licences pour le commerce légal de la fourrure. Mais il est trop tard. Permis ou pas, les coureurs des bois continuent de s’aventurer dans les bois et de commercer indépendamment avec les communautés autochtones. Cela leur a valu des surnoms tels que  » Runners of the Wood  » (coureurs des bois) des Anglais et  » Bush-Lopers  » des Hollandais.

* Ils n’étaient pas toujours seuls. Les compagnons de voyage indigènes étaient cruciaux lorsqu’ils exploraient un nouvel endroit. De plus, les voyageurs et les coureurs des bois ont eu des relations avec des femmes autochtones et les ont épousées. À l’origine, les femmes étaient un autre attrait du commerce de la fourrure. Il n’y en avait pas beaucoup en Nouvelle-France avant les années 1670.

Mode


Un coureur des bois par C.W. Jeffreys. Cliquez ici pour l’image complète et originale. « Manteau et jambières en peau de daim, et portant un bonnet de fourrure de raton laveur avec la queue attachée. »

Les voyageurs et les coureurs des bois portaient des vêtements similaires, pour la plupart. Leurs choix de mode se séparent au fil du temps notamment parce que les coureurs des bois n’étaient plus là et que les compagnies de commerce ont pris le relais. Pendant les mois les plus froids, ils portaient un grand manteau en peau de cerf, d’orignal ou de caribou avec une grande ceinture autour du milieu. Les ceintures pouvaient être faites de cuir ou de laine colorée. Après l’essor et l’expansion des compagnies de commerce britanniques, les voyageurs avaient la possibilité de porter des vêtements fournis par leur employeur. Par exemple, un voyageur qui travaillait pour la Compagnie de la Baie d’Hudson pouvait choisir de porter un manteau capot (ou capote) avec les rayures traditionnelles de la CBH. (S’ils choisissaient d’en fabriquer un eux-mêmes, le manteau était de la couleur de leur choix). Les manteaux de capot arrivaient au genou, avaient un capuchon et étaient parfois appelés manteaux de couverture. Pourquoi ? À l’origine, ils étaient fabriqués à partir d’une couverture qui était cousue et transformée en manteau ou en cape. Les manteaux de capot étaient réunis par une ceinture au milieu car les boutons étaient rares. Ces épais manteaux de laine existent encore aujourd’hui.


Trappeur français en hiver. Artiste inconnu.

En dessous, il y aurait eu une chemise en lin ou en coton grossier et une culotte aux genoux, (le pantalon remplacera la culotte pour les voyageurs à la fin du 18e siècle). Des couches supplémentaires étaient portées en dessous si la température était vraiment basse. Ces hommes pouvaient porter des gilets ou des vestes, mais certains historiens soutiennent que c’était peu fréquent. S’ils portaient des culottes, la moitié inférieure de leurs jambes était couverte de jambières en peau de cerf en hiver. Les gants en peau d’élan ou en cuir doublés de fourrure de lapin étaient courants et les bottes imperméables étaient essentielles. Si nécessaire, ils utilisaient des raquettes. Sur la tête, ils portaient soit un chapeau de fourrure, soit une toque (un bonnet tricoté très ajusté). Les toques rouges apparaissent fréquemment dans les œuvres d’art, mais d’autres couleurs comme le gris et le bleu étaient également portées.

Qu’importe la saison, ils auraient eu un mousquet avec eux. En outre, les armes et les outils qu’ils portaient sur eux auraient varié, mais certains des articles possibles étaient des couteaux, des haches, des pipes, une tasse, une bourse/sac à bandoulière, du tabac et de l’alcool. Pendant l’été, ils se débarrassaient des couches les plus lourdes. Ils auraient opté pour des jambières en tissu et utilisé des mocassins au lieu de bottes. Pour se protéger la tête du soleil, on improvisait parfois des casquettes ou des bandeaux à partir de grands mouchoirs.


Appeler l’orignal par Cornelius Krieghoff (vers 1868).

Les vêtements des voyageurs et des coureurs de bois étaient fortement inspirés des peuples autochtones. Les voyageurs et les coureurs de bois s’habillaient comme eux en raison de leur travail. Il était beaucoup plus pratique de s’habiller comme un indigène que comme le citoyen moyen aisé de la Nouvelle-France (et plus tard de la colonie britannique), lors de randonnées dans les forêts et de voyages sur de longues distances. Dans le cas des coureurs des bois, c’était particulièrement important étant donné qu’ils pouvaient vivre dans des communautés autochtones pendant des années à la fois.

Fait amusant : la mode autochtone/voyageur a effectivement influencé la mode coloniale néo-française/britannique à plusieurs reprises lorsqu’il s’agissait de vêtements d’hiver. Les manteaux à capot étaient un moyen populaire de rester au chaud lorsqu’on s’aventurait à l’extérieur.

Alors, pourquoi les voyageurs ont-ils duré jusqu’aux années 1870 alors que les coureurs des bois ont disparu vers 1715 ? Eh bien, Colbert a fondamentalement obtenu son souhait (bien qu’il n’ait pas été vivant pour le voir, étant mort en 1683). Être un voyageur est devenu une profession respectable. Ils gagnaient aussi un bon salaire. Pour six mois de travail, leur revenu était environ trois fois supérieur au revenu annuel d’un fermier. En tant que tel, les heures supplémentaires, l’attrait de devenir un hors-la-loi est devenu de moins en moins important et les voyageurs ont pris le dessus et des compagnies comme la Compagnie du Nord-Ouest et la CBH ont commencé à les embaucher abondamment.


Modifications du chapeau de castor. Bien que le prix du castor ait eu des hauts et des bas au cours des siècles, l’utilisation de la fourrure de castor pour fabriquer des chapeaux a été populaire pendant assez longtemps, d’où la longévité globale du commerce.

Au sommet de chaque article sur la mode sur ce blogue, on trouve l’affirmation suivante : « la mode a joué un rôle déterminant dans la création du Canada. » Le commerce de la fourrure est la raison pour laquelle je fais cet argument et les deux voyageurs et coureur des bois servent de grands exemples du lien entre la mode et l’histoire canadienne. Non seulement leur travail a joué un rôle majeur dans le façonnement de l’avenir du pays, mais ce qu’ils portaient reflète l’importance de l’interaction interculturelle entre les peuples autochtones et les Européens. Sans les Autochtones (à la fois comme partenaires commerciaux et comme aides à la croissance de l’industrie), le commerce de la fourrure n’aurait jamais démarré. L’interaction interculturelle résultant de la traite des fourrures a été absolument cruciale pour le développement économique et géographique du Canada.

Sources

« Chroniques – Courir dans les bois : Les coureurs des bois ». Musée et lieu historique de la Maison Saint-Gabriel. Consulté le : http://www.maisonsaint-gabriel.qc.ca/en/musee/chr-08.php

« Foire aux questions » – Lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine, Parcs Canada. Novembre 2012. Consulté à : http://www.pc.gc.ca/eng/lhn-nhs/qc/lachine/visit/faq.aspx

Gottfred, Angela,  » What Voyageurs Wore : Voyageur Clothing from Head to Toe, 1774-1821  » Northwest Journal. Consulté le : http://www.northwestjournal.ca/XVII1.htm

Gross, Konrad, « Coureurs-de-Bois, Voyageurs et Trappeurs : Le commerce de la fourrure et l’émergence d’une tradition littéraire canadienne ignorée ». Canadian Literature 127, (1990) : 76-91.

Podruchny, Carolyn, Making the Voyageur World : Travelers and Traders in the North American Fur Trade, University of Toronto Press, 2006.

Wien, Tom, « Coureurs Des Bois ». L’Encyclopédie canadienne. Toronto : Historica Canada, Feb 2006. Consulté à l’adresse suivante : http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/coureurs-de-bois/

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